Fin de Windows 10 : et ensuite ?
A un mois de la fin du support de Windows 10, il est légitime de se poser la question de savoir vers quel OS s'orienter.
D'une part, Windows 11 a besoin d'être installé sur une machine plus puissante que Windows 10. D'autre part elle doit être équipée d'une puce spéciale nommée TPM 2.0 (Trusted Platform Module). Certains pourront se contenter d'augmenter la quantité de mémoire de leur machine, d'autre devront se résoudre à renouveler leur matériel.
Il y a de quoi faire hésiter plus d'un utilisateur.
1. Rester sous Windows 10
A l'heure actuelle il reste environ 2.5% de machines fonctionnant sous Windows 7, et 0.25% sous Windows XP. Actuellement Windows 10 reste largement majoritaire.
Sous Windows 10 aucune mise à jour, y compris de sécurité, ne sera plus possible après le 14 octobre. Conserver Windows 10 peut sembler une solution viable, mais seulement à court terme. En effet, même si le risque est faible, les mises à jour de sécurité sont tout de même le meilleur moyen de garantir le bon fonctionnement d'une machine face aux attaques.
2. Passer à Windows 11
Seules les machines récentes (5 ans maximum) pourront sans problème passer à Windows 11. Microsoft refuse de mettre à niveau les machines ne possédant pas de puce TPM 2.0 (Trusted Platform Module).
Pour les machines plus anciennes, il existe apparemment des moyens de contournement. On pourra par exemple s'inspirer de cet article : [Màj] Windows 11 : quatre méthodes pour contourner TPM 2.0
Mais comme le dit l'auteur :
Ensuite, il faut garder en mémoire que ces solutions, si elles ont le grand mérite de se débarrasser d’un problème, peuvent ne pas perdurer dans le temps, à la (dé)faveur d’une mise à jour de Windows.
3. Tourner la page
Il existe d'autres alternatives à Windows, notamment MacOS, et différentes distributions Linux.
Tourner le dos à Windows n'est jamais facile. Nous avons tous nos petites habitudes, et comme on le dit souvent : le meilleur OS est celui auquel on est le plus habitué. Mais même en restant sous Windows, dans le passé, certaines migrations (passage à Windows 8 par exemple) ont été assez douloureuses pour les utilisateurs.
Avant de penser à changer d'OS, il faut avant tout se poser la seule bonne question : quelles sont les applications que je vais pouvoir conserver, et quelles alternatives vais-je trouver pour celles qui n'existent que sous Windows ?
Pour la majorité d'entre nous qui n'utilisent leur PC que pour faire de la bureautique, lire et écrire des mails, naviguer sur le WEB ou y faire ses achats, le saut sera facile.
3.1. Le téléphone mobile
Abandonner la solution PC n'est pas forcément une solution à laquelle tout le monde pense, mais actuellement, les besoins courants peuvent être largement satisfaits à l'aide de son téléphone, et beaucoup de particuliers s'en contentent. Si l'on a besoin d'un écran de grande taille une tablette est une bonne option.
Il est facile de lire et écrire ses mails avec l'application E-mail ou Gmail, de naviguer sur le WEB avec Chrome. Pour ce qui est de la bureautique, la solution se trouve dans le Drive. On peut y créer des documents, des feuilles de calcul, des présentations. Après avoir ouvert le Drive, il suffit de cliquer sur l'icône + :
Les possibilités d'édition sont largement à la hauteur pour les besoins courants.
Egalement, il est parfaitement possible de poser des questions ou répondre sur un forum, ou de créer des articles sur un blog (blogger par exemple). J'aurais très bien écrire celui que vous êtes en train de lire à l'aide de mon téléphone.
Le seul point faible réside le plus souvent dans l'impression papier. Seules certaines imprimantes en seront capables :
- imprimantes compatibles AirPrint
- imprimantes WIFI
Certains fabricants d'imprimantes proposent leur propre application d'impression, HP et Epson entre autres, installables depuis Google Play.
3.2. Apple
Depuis quelques années les iMac et MacBook se sont démocratisés. Avant de changer de PC, il serait judicieux d'examiner l'offre Apple, surtout si l'on fait partie de la catégorie des créatifs :
- infographiste
- musicien
- etc.
Un infographiste travaillant sur Photoshop aura du mal à se contenter de Gimp sous Linux, et un musicien ne trouvera peut être pas toute la puissance et les fonctionnalités de Logic Pro en passant à Audacity ou Ardour.
Le seul inconvénient d'Apple est qu'un iMac est un ordinateur avec écran intégré et que lorsque l'on change pour un iMac, on change tout ! Si vous avez un petit écran bas de gamme sur votre PC, cela peut en valoir la peine. S'il s'agit d'un portable, la qualité d'un écran Apple aura de grandes chances d'être supérieure à celle d'un écran de PC.
3.4. Linux
Pour ma part, dans les années 2000, après avoir essayé diverses distributions Linux sans trop de succès (Mandrake, Interactive Unix), je suis passé à Ubuntu en 2006 avec une version 6.06. Cette distribution m'a estomaqué par sa simplicité d'installation. Ensuite, pour des raisons plutôt philosophiques, j'ai eu une période Debian, mais au final je suis revenu à Ubuntu.
3.4.1. Performances
On admet généralement que Linux est 20% plus performant que Windows. Cela ne représente pas grand chose pour un particulier, mais en entreprise cela compte.
Les besoins en ressources sont également inférieurs. Là où Windows 11 a besoin de 4Go minimum pour pouvoir fonctionner, certaines distributions Linux se contentent de moins de 1Go, et de processeurs complètement dépassés (1GHz, parfois moins, et même Pentium III pour la distribution LXLE !).
Seules les distributions Ubuntu et KUbuntu rivalisent avec Windows 11 en ce qui concerne les besoins en mémoire. Ce sont des distributions lourdes, qui ont besoin d'un processeur possédant au moins deux cœurs. il faut en tenir compte avant de faire son choix :
- Ubuntu : 4Go minimum
- KUbuntu : 4Go minimum
- Mint : 1Go minimum
- Ubuntu Mate : 1Go minimum
- Debian : 1Go minimum
- LXLE : 512 Mo minimum
Mais on peut difficilement comparer Ubuntu ou KUbuntu avec Windows 11. Ces distributions Linux sont bien plus complètes. Par exemple, un serveur WEB Apache est automatiquement installé, ce qui n'est pas le cas sous Windows. En fait, si vous voulez ajouter tout ce qui manque à Windows par rapport à Ubuntu ou KUbuntu, il vous faudra bien plus de 4Go de mémoire. Mais on peut adopter le raisonnement inverse : si vous enlevez de Ubuntu ou KUbuntu les applications qui vous sont inutiles vous aurez besoin de moins de mémoire que Windows 11.
Pour la petite histoire, le développement du système Linux repose dans son ensemble sur la pratique de la refactorisation (re-factoring) qui consiste à améliorer le code en continu, sans ajouter pour autant de fonctionnalités supplémentaires. Cela explique en grande partie que le code soit plus optimisé, plus rapide, et consomme moins de ressources mémoire.
3.4.2. Installation
L'installation de Linux est très simple, contrairement à ce que l'on croit, et cela fait longtemps !
Linux, lors de l'installation détectera automatiquement votre matériel et activera de lui même les pilotes adéquats.
Qu'offre Linux ? En dehors d'être un OS très performant et moderne, Linux, dès l'installation, apporte une grande variété de logiciels, en particulier :
- le navigateur Firefox (mais on peut en installer d'autres, Chrome en particulier)
- la messagerie Thunderbird
- une suite bureautique complète (LibreOffice le plus souvent)
- le logiciel de retouche d'images Gimp
- de multiples langages de programmation : C, C++, Java, Python, PHP, etc.
- serveur WEB Apache, base de données MYSQL, etc.
- etc.
Il en résulte que, aussitôt l'installation terminée, l'utilisateur se retrouvera avec une machine directement utilisable, avec une panoplie de logiciels très étoffée.
Cette page donne des équivalent Linux pour pas mal d'applications Windows.
3.4.3. Essayer sans risque
Linux a la faculté de pouvoir être exécuté depuis une clé USB, sans toucher au disque dur Windows, donc sans rien détruire.
Pour cela il suffit de télécharger une image ISO. En fonction de la puissance de la machine il sera possible de lancer différentes distributions :
- Ubuntu
- Linux Mint étant une des plus légères
- etc.
Certaines distributions sont plus légères que d'autres et acceptent d'être installées sur des machines pauvrement équipées, souvent moins de 2Go de RAM.
Après téléchargement de l'image ISO, il faut la graver sur une clé USB à l'aide d'un logiciel de création de support bootable, Rufus par exemple. Il vous faudra une clé USB de 4Go (Mint) ou 8Go (Ubuntu).
Ensuite il faut trouver le moyen de démarrer la machine à partir de la clé USB. Il suffit souvent d'appuyer sur une touche de fonction au démarrage. Cette touche dépend du constructeur de la carte mère (Asus : F8, Gigabyte : F12, etc). Il est facile de trouver cette information sur le WEB.
Après le démarrage, vous pourrez à loisir explorer le bureau et essayer les applications fournies. Ensuite, libre à vous d'installer la distribution sur le disque dur, ou pas.
3.4.4. Dual BOOT
Linux est tout à fait capable de s'installer à côté de Windows, sur une partition séparée, ou même un disque dur supplémentaire.
Après quelques années d'utilisation de Linux en dual boot, je me suis aperçu que Windows ne me servait plus à rien, et je l'ai abandonné définitivement.
3.4.5. Système de fichiers
Linux dispose d'un système de fichiers très rapide (EXT4), contrairement à Windows, qui utilise encore l'antédiluvien NTFS. Ma première installation d'Ubuntu sur un petit serveur WEB a révélé que les pages WEB s'affichaient 4.5 fois plus rapidement qu'avec Windows.
Avec ce système de fichiers vous risquez fort de croire que vous venez de changer de disque dur !
Une énorme différence par rapport à Windows : lorsque Linux désire remplacer un fichier sur le disque et que celui-ci est occupé, ou en cours d'exécution, le système de fichier ne refuse pas l'opération mais attendra que le fichier soit libéré pour faire le remplacement physique. Cette particularité explique que les mises à jour des applications puissent se faire aussi facilement, tout en continuant à travailler.
3.4.6. Changement de hardware
Linux, contrairement à Windows, ne vous contraint pas à réinstaller l'OS quand vous changez de machine, et surtout de processeur. Il est parfaitement possible de réutiliser le disque dur de votre PC actuel dans une nouvelle machine. On peut sans problème passer d'une machine à processeur INTEL à une machine à processeur AMD et vice versa, en réutilisant le même disque dur.
Si l'on est contraint de changer de disque, il est très facile de cloner l'ancien disque vers un nouveau. Un simple copier / coller avec Gparted suffit !
Egalement, changer de hardware sans réinstallation des pilotes est parfaitement possible. Mais comment font ils ? Tout simplement, les pilotes Linux sont tellement optimisés qu'ils prennent très peu de place sur le disque dur. Donc on peut se permettre de les installer tous ! Ensuite le système sélectionne au prochain démarrage les pilotes qui conviennent.
3.4.7. Ralentissement dans le temps
Combien de machines Windows ont terminé leur vie dans une déchetterie parce que leur propriétaire estimait qu'elle ramait trop ? Il suffirait pourtant de réinstaller Windows, mais combien d'utilisateurs connaissent cette possibilité ?
On connait tous le phénomène de ralentissement dans le temps de Windows. Ceci est dû principalement à la fragmentation du disque dur et surtout à la fragmentation de la base de registre (registry).
La fragmentation est un phénomène qui tend à morceler les fichiers, afin de gagner de l'espace, combler les trous qui se forment lorsque l'on détruit des fichiers, ou que l'on modifie leur taille. Mais cela ralentit leur écriture et leur lecture. Si l'on considère la taille importante des disques durs actuels, la fragmentation n'est plus nécessaire. C'est une technique hors d'âge, qui date de la bande magnétique !
La différence est de taille : lorsque NTFS désire écrire un fichier, il cherche le premier trou disponible, y case une partie du fichier, il cherche le trou suivant, y case une autre partie du fichier, etc. Lorsque EXT4 désire écrire un fichier, il cherche le premier trou disponible pouvant contenir le fichier complet, et il l'écrit.
La base de registre Windows a été créé à l'époque de Windows NT parce que le système de fichiers NTFS était trop lent. Celle-ci est chargée au démarrage dans la mémoire RAM, qui est beaucoup plus rapide. Mais elle se fragmente avec le temps, ce qui ralentit le système. Il existe bien des outils pour assainir la base de registre, mais ils sont payants.
Pourquoi un système Linux garde t-il toujours des performances constantes dans le temps ?
La première cause est l'absence de base de registre. Sous Linux tous les paramètres sont stockés dans des fichiers. Cette manière de procéder est rendue possible grâce aux performances exceptionnelles du système de fichiers EXT4.
La deuxième cause est la quasi absence de fragmentation du disque dur. Une fragmentation importante peut se produire seulement lorsque le disque dur est presque plein. Dans ce cas les gros fichiers seront fragmentés. Par conséquent, adopter un disque plus grand que nécessaire est une règle à toujours respecter sous Linux.
3.4.8. Arduino
Il serait malvenu de ne pas parler d'Arduino dans un article sur ce blog.
L'environnement de développement Arduino est multi-plateforme, et peut être installé sous Windows, Linux ou MacOS.
L'environnement Visual Studio Code est également disponible.
3.4.9. Logiciels tiers
Sous Windows il n'est pas rare de rechercher des logiciels gratuits (freeware) sur le WEB, et de les installer sur sa machine, avec tous les risques de sécurité que cela comporte.
Avec Linux, rien de tout cela ! La bibliothèque de logiciels disponible sur les dépôts officiels est absolument énorme. Cette bibliothèque est centralisée, et une application permet de les installer / désinstaller. Tous les logiciels présents sont certifiés conformes. On ne prend donc aucun risque à les essayer.
Mais au final il est assez rare d'avoir besoin d'installer quoi que ce soit, car le système de base est déjà très riche en applications.
3.4.10. Versions
Ici je ne vais parler que de Ubuntu, mais les autres distributions sont à peu près calquées sur le même modèle.
Canonical produit deux versions par an, en avril et en octobre. La dernière version est la Ubuntu 25.04, la prochaine sera Ubuntu 25.10. Vous l'aurez compris, 25 est l'année, et 04 ou 10 est le mois de sortie.
Qu'en est-il du support ? La 25.04 sera maintenue jusqu'en janvier 2026. C'est peu !
Mais il y a une astuce : tous les deux ans, en avril, une version LTS sort. LTS veut dire "Long Term Support". Ce sont des versions dont le support est garanti 5 ans. Ainsi la LTS 20.04 a été suivie de la 22.04, puis de la 24.04, dont le support est assuré jusqu'en avril 2029. Pour les utilisateurs ayant besoin de stabilité, il est recommandé de n'installer que des versions LTS.
A noter :
- les versions de Linux Debian sont toutes LTS
- les versions de Linux Mint sont toutes basées sur une version LTS de Ubuntu. Actuellement la version 22 est basée sur Ubuntu 24.04, donc forcément LTS.
Pour ma part je travaillais sous Ubuntu 20.04 depuis fin 2020 et j'ai récemment mis à niveau en 22.04 puis 24.04. Cela pose t'il un problème ? Non, car des mises à jour régulières sont proposées par le système, ce qui fait que même sans changer de version, le système est en à jour en permanence, pour peu que l'on se donne la peine d'accepter les mises à jour :
Lorsqu'une nouvelle version sort, le système propose une mise à niveau :
Pour ma part je ne fais jamais de mise à niveau immédiatement après la date de sortie. J'attends la fin de l'année par précaution, en attendant que les bugs éventuels soient corrigés.
3.4.11. Le compte super-utilisateur
Vous serez peut-être surpris de constater l'absence d'antivirus dans les distributions Linux. Cela n'a rien d'anormal. Linux est un système totalement étanche et un simple utilisateur ne peut en aucun cas remplacer ou altérer un fichier système. C'est une simple question de droits. Sous Linux le super-utilisateur s'appelle root et personne ne se connecte jamais en tant que root, sauf temporairement pour des opérations de maintenance, mise à jour, etc.
Sous Ubuntu, l'utilisateur root n'existe même pas. On ne peut donc se connecter en tant que root, sauf en ligne de commande, à l'aide d'un outil nommé sudo, qui réclame un mot de passe, pour des opérations ponctuelles et courtes.
Un virus ou un malware s'exécutant dans l'espace utilisateur n'aura donc jamais la possibilité de modifier un fichier système.
Quelques règles essentielles :
- ne jamais se connecter en tant que root
- ne jamais installer d'applications autres que celles des dépôts officiels
- effectuez toujours les mise à jour proposées
Comment les mises à jour se passent-elles dans de telles conditions ? Le plus simplement du monde : quand vous décidez de lancer une mise à jour ou une mise à niveau, le système vous demande votre mot de passe. Et l'installation des applications ? idem.
Il arrive parfois que sur le WEB on tombe sur une page annonçant "Votre système est infecté". Sous Linux, la meilleure réaction que vous puissiez avoir est d'éclater de rire. Éventuellement la page peut refuser de se fermer, mais ce n'est qu'une astuce pour faire peur. Au pire, fermez simplement votre navigateur et relancez-le.
Pour finir, un petit proverbe : protégez votre root et votre root vous protégera.
3.4.13. Maintenance
Pour conclure ce chapitre, avec le temps, depuis que je travaille sous Linux, je me suis aperçu que je ne passais plus aucun temps à assurer la maintenance de ma machine, mais bien 100% de mon temps à l'utiliser.
4. Conclusion
2025 risque fort d'être une année charnière, car Linux devient de plus en plus une alternative crédible pour les utilisateurs qui en ont ras le bol de devoir changer de machine à chaque changement de version Windows, et Windows 11 apporte des contraintes encore jamais vues. L'adoption de Linux par les particuliers s'est accélérée depuis quelques années.
Alors pourquoi ne serait ce pas le cas pour vous ? L'essayer à tête reposée à l'aide d'une simple clé USB est un premier pas sans aucun risque.
Cordialement
Henri
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